Les ténèbres ne peuvent vaincre les ténèbres, ni la haine engendrer autre chose que la haine, ni la peur ou le mépris susciter un miracle.
Il avait tout ! Tous les dons, toutes les chances, il semblait tout naturellement promis à un avenir brillant et une vie heureuse. Il semblait pouvoir tout espérer, tout obtenir !
Et il a tout gâché.
Il s’est sabordé lui-même.
Par orgueil, par peur, par naïveté aussi, du moins au début.
Et puis, devant l’ampleur du désastre, il a fini d’éparpiller, avec rage, la haine au cœur, le peu qui lui restait. Avant de tourner sa rancœur et sa violence vers l’univers entier, certes, mais peut-être et avant tout, vers lui-même.
Un peu comme s’il avait voulu renforcer sa propre déchéance en allant toujours plus loin sur le chemin qu’il avait commencé de suivre, pour mieux se punir lui-même.
Semant la terreur et la mort sur son passage d’une manière totalement détachée, en homme que rien ne peut plus atteindre, obéissant passivement au mauvais génie qui l’avait mené à la ruine, et pourtant, le cœur brûlant, sous son armure noire, d’une haine farouche pour l’univers entier, mais surtout pour lui-même.
Rien ne semblait plus pouvoir arrêter sa chute, l’Empereur y avait veillé. Il avait pris grand soin de refermer le piège sur lui de telle sorte qu’aucun retour en arrière ne soit possible. Et en effet, condamné à se consumer lui-même de haine impuissante tout en suscitant celle de ses multiples victimes, à quoi aurait-il bien pu se raccrocher ? Non, rien ne pouvait plus le sauver de lui-même ni des ténèbres dans lesquelles il s’était si profondément enfoncé.
Et pourtant, si. Dans la noirceur de son existence, une petite étincelle vint un jour à s’allumer, faiblement. A clignoter, puis à prendre souffle et à grandir : une étincelle d’espoir et de compassion.
A travers la carapace de haine aveugle qui l’emprisonnait en lui-même, une main amie se tendit vers lui.
Une voix qui n’était pas porteuse d’anathème, ni de flatterie, ni de faux-semblants faussement doucereux lui souffla à l’oreille : « Non, tu n’es pas seulement ce démon sans visage que tous voient en toi. Reviens, il n’est pas trop tard. »
Enfin, si insensé, aberrant que cela puisse paraître, voilà que quelqu’un se tourna vers lui non avec haine, non avec peur, mais avec confiance.
La foi précède le miracle, c’est bien connu.
Et c’est bien un miracle qui allait avoir lieu.
La confiance témoignée à cette âme depuis de si longues années perdue allait à son tour ranimer un cœur à priori mort depuis longtemps.
Lui faire retraverser en sens inverse tous les conflits et les déchirements de sa jeunesse, ceux qui l’avaient conduit autrefois à faire le mauvais choix.
Et lorsque la mort et la souffrance à nouveau se déchaînèrent, ce ne fut pas une malédiction qui monta vers lui dans un cri déchirant, mais un appel au secours !
En lui le proscrit, le maudit, quelqu’un voyait à nouveau le héros qu’il avait été autrefois.
En outre, ce quelqu’un portait en lui, nullement altéré, vierge de toute souillure, non seulement son propre sang, tel qu’il avait été autrefois, vif et généreux, mais encore celui de Padmé, la femme tant aimée jadis, la tendre, l’aimante, droite et fière, morte du déchirement de ne pouvoir, même par amour, ni ramener son mari dans le droit chemin, ni le suivre dans la voix ténébreuse sur laquelle il s’était engagé.
Et le miracle eut lieu.
Commentaires :
Re:
MDR, Tifette.
Ah ben oui, c'est sûr qu'il s'est fait embobiner en beauté, le gars ! Enfin, honnêtement, je pense qu'il avait des dispositions.
Mais quand même, c'est vrai que quand tu vois comment "l'autre" l'a manipulé pendant des années et comment il a refermé le piège sur lui, ouille !
C'est bizarre, moi ce personnage me glaçait, littéralement. Jusqu'à la fin du "Retour du jedi" ; et je me souviens encore de ma réaction : je me disais "mais... mais... mais j'y crois pas ! C'est MAINTENANT qu'il devenait sympathique qu'il trouve moyen de casser sa pipe, ce cornichon-là ? Mais il le fait exprès pour embêter le monde, c'est pas possible !". Et comme je suis hyper sensible et que je commençais à renifler, je me souviens m'être dit "ah mais non, merde ! Tu vas pas pleurer pour Dark Vador, quand même !".
Mais c'est la scène du brasier funéraire qui encore aujourd'hui me met des drôles d'électrochocs dans le ventre. Je trouve cette scène aussi émouvante que belle à l'écran.
tu en pense koi ma syrène?
bisous
Re:
Comme je l'ai dit à Tifette au-dessus, je pense qu'il avait des dispositions au départ pour mal tourner. Padmé c'est bien joli, mais s'il l'avait aimée autant qu'il le prétendait, il aurait compris qu'elle le repousserait s'il empruntait ce chemin. En l'occurence il a été excessivement égoïste : Padmé vivante, à tous les prix, et peu importe ce que elle en pensera. A la fin après sa métamorphose, ses premiers mots sont pour demander où elle est.
Non mais qu'est-ce qu'il croit ? Elle lui a dit ce qu'elle pensait de son revirement, et puis honnêtement, il s'est regardé ? Il croit qu'elle voudra encore de lui ? Sauf que manifestement, quelque part il s'en fout, il ne pense qu'à lui.
De plus, n'oublions pas qu'il est très ambitieux : il le dit lui-même à un moment "je veux plus".
Et très coléreux : il ne supporte aucune contrainte ni aucune remarque. Ca, Palpatine l'a bien compris et n'a pas cessé de le caresser dans le sens du poil depuis qu'il est tout petit, en le flattant, en lui mentant, et en le dressant peu à peu contre les jedis.
Lesdits jedis ont commis pas mal d'erreurs, c'est vrai, mais Anakin a été d'une crédulité consternante, surtout pour quelqu'un qui a par ailleurs un tel pouvoir ! Bon d'accord, Palpatine est un sacré morceau pour un garçon inexpérimenté, et tellement machiavélique et retors que la partie n'était pas égale, c'est sûr.
Mais quand même : vaincre la mort, rien que ça ! Ah on peut le dire, plus c'est gros mieux ça marche ! Et dans le genre naïf, c'est un sommet ! Moi j'appelle ça prendre ses désirs pour des réalités. On en revient à l'ambition d'Anakin, avoir tous les pouvoirs, toujours tout arranger à sa convenance.
Au départ ses intentions étaient bonnes, oui, mais comme chacun sait, le pouvoir on est tenté un jour ou l'autre de mal s'en servir.
Non, sérieux, il avait dès le départ en lui tout ce qu'il fallait pour basculer : la peur (de perdre sa mère, puis sa femme), la colère, prête à se transformer en haine, la jalousie, et au final la souffrance. Encore une fois, les jedis ont commis une énorme erreur en acceptant de le former, puisqu'ils savaient tout ça dès le départ.
Donc bon, tout ça pour dire qu'au final, Padmé oui, bien sûr, mais il y avait beaucoup, beaucoup d'autres choses autour. Et de toute façon, je regrette mais l'amour n'excuse pas tout, ne permet pas tout. Padmé l'avait compris. Pas lui.
Donc non, je ne suis pas trop d'accord avec le fait qu'il a basculé juste pour les beaux yeux de sa femme. Je veux bien qu'il ait été poussé, abusé, manipulé, et tout et tout, mais il n'est absolument pas innocent dans l'affaire.
Re:
il oré était un si bon jedi !
é en plus jé un féble pour hayden christensen lol ;)
Re:
Honnêtement, même si Padmé n'avait pas été en danger de mort, ça ne se serait pas passé autrement. A ce moment là du film, on le voit bien, il est déjà engagé dans le chemin qui mène au côté obscur : dors et déjà sous l'influence de Palpatruc et en froid avec les jedis! Sa vision n'a fait que précipiter sa chute... elle n'en est pas l'origine.
Mais, je suis d'accord, c'est très triste. Même s'il est un des acteurs principaux de son propre malheur... c'est une pure tragédie. Il y a ce côté inéluctable. On sent qu'il n'y a pas d'alternative, que ça n'aurait pas pu, jamais, se passer d'une autre façon. Comme on dit, ce qui devait arriver, arriva... C'était son destin. Je suis d'accord, j'ai de la peine aussi, et pas que pour lui.
Re:
J'irai même jusqu'à dire qu'il n'aurait jamais dû être enlevé à sa mère. Qui-Gon a fait une grosse erreur ce jour-là. Mais là encore, c'était le destin.
Bonne fête papa ! :p
Raaahhh je l'ai adulé, idolâtré pendant des années... et je me suis tellement énervée quand j'ai vu ce qui l'a fait devenir se qu'il était. Un simple mensonge, un simple sentiment de culpabilité, qui l'a fait passé de coté le plus obscur qu'il y ai, j'ai eu si mal pour lui. Mais il n'aurai pas eu cette aura et cette carrure sans cet incident.